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Usines et industrie (page 1)


Le début du premier texte : "Ses Origines" nous fait faire la connaissance de son second fils : EFG Garnier, âgé alors de 16ans. Il est le seul qui lui survécut : Nous avons vu que l'aîné était mort à Coolgardie et le plus jeune : Alain Garnier, avocat à la Cour à Paris a été tué en 1914. EFG Garnier, que j'ai bien connu et beaucoup apprécié, a eu lui-même une fille et deux fils dont l'aîné était mon beau-père. Grâce au manuscrit de EFG Garnier, d'écriture souple et lisible qu'il intitule "Vieux Souvenirs" nous sommes au courant du voyage qu'il fit en Amérique avec son père, JJ Garnier, dans l'été 1890 : "À cette époque, on avait découvert depuis peu au Canada d'importantes réserves d'un minerai contenant principalement du cuivre et du nickel à l'état de sulfure. Une société s'était formée à Cleveland (Ohio) mais les ingénieurs n'avaient pas réussi jusque là à en extraire ces métaux dans un état de pureté suffisante, c'est pourquoi mon père avait été appelé en consultation.

Je me souviens bien de ce premier départ dans l'été de 1890. Le train transatlantique venait de me déposer sur le quai du port du Havre... Cleveland est situé sur une colline de faible relief dont la pente descend doucement jusqu'au rivage. Sa partie haute s'étale sur une terre plane assez vaste où elle peut aisément se développer. Là se trouvent les quartiers résidentiels, les banques, les bureaux. Une large voie -Euclid Avenue- qui court parallèlement au rivage s'allonge jusqu'à ce qu'elle débouche dans la campagne. Elle est bordée de belles et solides constructions en pierre de taille dont l'une qui domine ses voisines du haut de ses 12 étages, est la propriété de M. Payne, le président de la 'Canadian Cooper Cy' auprès de laquelle se rend mon père. Le quartier industriel est situé derrière la ville haute, plus loin du lac...

Mon père prend contact avec les chefs de la 'Canadian Cooper Cy'. M. Payne est un bon vieillard ressemblant tout à fait classique Uncle Sam tout rasé sauf la barbiche blanche sous le menton, redingote noire, petite cravate noire large d'un doigt, chapeau haut-de-forme. On dit qu'il était propriétaire d'une partie de la ville et contrôle diverses grosses affaires. Il est sénateur de l'État d'Ohio c'est-à-dire à peu près le premier personnage politique de cet État. Nous le verrons assez peu. Simple et plein de bonhomie, il vient chaque jour un peu au bureau pendant quelques minutes et se retire. C'est son gendre M. Bingham qui le représente à la C. C. C. Y. : 40 à 45 ans élégant, correct et parlant fort bien le français. Éducation raffinée et à la tête d'une grosse entreprise dans le genre de Jappy France. M. Macintosh est secrétaire général de la nouvelle entreprise. Lui aussi porte la barbe de l'oncle Sam mais d'un beau rouge carotte. Grand, sec, allure puritaine.

Deux autres personnages, le vieux M. Cornell, gros et vulgaire, M. Allen complètent le comité assez disparate réuni autour d'une longue table au tapis vert. Mon père s'exprime en anglais facilement, longuement et avec animation tandis que les Américains intéressés, parfois amusés ou sceptiques, écoutant en faisant de rares remarques. Il y eut ainsi d'assez nombreuses séances mais avec de bons intervalles qui nous permettent de voir un peu la ville, sans grand intérêt par elle-même... La présence d'un garçon de quinze ans ou milieu d'un conseil des directeurs était bien inutile aussi M. Bingham proposa-t-il de m'installer chez lui pendant quelques jours…

Cependant les conférences prirent fin et on n'y avait décidé que mon père irait examiner sur place l'exploitation du minerai est canadien. Nous partîmes donc pour SudBury en compagnie de MM. Cornell et Allen et c'était encore une assez longue distance à parcourir. Le train nous ramène d'abord à Buffalo et nous nous arrêtons pour aller voir les chutes du Niagara... Au terme de notre voyage, la station de SudBury où pourtant part l'embranchement menant au Lac supérieur n'est pas plus imposante. Autour de la baraque on ne voit ni champs ni routes : cependant, une locomotive haut le pied est là qui nous attend et nous y grimpons tous les quatre. En quelques minutes elle nous conduit au centre de l'exploitation. Là, dans un paysage toujours aussi désolé, s'élèvent quelques maisonnettes de bois. Nous nous logerons dans l'une d'elles…. Plusieurs puits sont déjà en exploitation et l'on fait encore des sondages aux alentours pour reconnaître l'étendue du jugement et la qualité du minerai. Les échantillons (les carottes comme on dit) sont méthodiquement rangés dans une baraque. Quant au minerai tiré du puits on l'étend sur plusieurs couches superposées alternant avec autant de couches de bois; on n'y met le feu afin d'obtenir, par l'élimination d'une partie du soufre, un produit plus concentré. Ces foyers qui couvrent plusieurs hectares répandent des vapeurs irritantes et insupportables.

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