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Volontaires 1870 (page 1)


Voilà l'enthousiasme, l'agitation de la foule dans les rues de Paris en ce mois de juillet 1870 tels qu'ils sont perçus par Jacques dit Jules Garnier, jeune ingénieur célibataire de 31 ans au retour d'une mission outre-mer qui a abouti à un plein succès. Ils rencontrent le scepticisme dans son esprit et il essaye d'imaginer comment il aurait pu en être autrement avec simplement un peu plus réflexion et de clairvoyance, comment les défaites (Wissembourg, Woerth, Beaumont, Sedan, Bazeilles) ont bien pu s'accumuler haut et comment, enfin, des circonstances politiques ou des lâchetés ont pu contribuer au désastre.

"J'accompagne mon fils me disait un bonhomme à barbe blanche, mais encore robuste et, je m'étonnais de le voir armé d'un chassepot et chargé d'un sac de fantassin. Je connais le métier et je ferais bien de le suivre; en tous cas s'il est besoin que je reprenne l'outil, je suis prêt". Braves gens! Et comme ceux qui vous ont précipités dans cette lutte Inégale et inopportune doivent avoir de remords. Ainsi pensais-je, en fendant péniblement la foule lorsque j'arrivais à la hauteur du boulevard Montmartre qu'il fallait traverser. Là, mes réflexions intimes durent être suspendues car il ne fallait pas de préoccupations pour franchir cet amas compact d'êtres humains, de chevaux et de voitures; tous étaient si bien emboîtés les uns dans les autres que le moindre mouvement relatif était devenu impossible et ce fut en sautant d'une voiture dans une autre qu'il me devint seulement possible de traverser cette foule, la plus condensée que j'eusse vu de ma vie.

Le lendemain et les jours suivants passaient sans interruption sous mes fenêtres nos braves soldats chantant la Marseillaise; les caissons, les fourgons, entraînés à fond de train, ébranlaient le sol et nos lourdes maisons de pierre; les estafettes, un pli à la main, se croisaient, se suivaient au galop : à chaque instant passaient d'un pas alerte des officiers à l'air joyeux…

Un souverain victorieux est un souverain inébranlable : aussi la guerre est elle le dernier coup de dé du chef d'un État. C'est évidemment cette maxime que Napoléon III a voulu mettre en pratique ; c'était d'autant plus maladroit qu'il n'en était pas encore réduit à cette extrémité…

"En homme d'action, il conçoit l'idée, d'une part, de Constituer des corps francs du type de ceux qui avaient fait merveille en 1815 dans la même zone, d'autre part, de construire des engins de guerre spéciaux: torpilles que sa connaissance de la nitroglycérine permettait mais aussi d'une mitrailleuse de vapeur qu'il avait faite fabriquer à Lyon. La proclamation de Gambetta du 9 octobre 1870 "au secours, je veux avec vous sauver notre patrie! " entraîne immédiatement sa conviction et il rencontre M. de Freycinet, délégué du ministre de la guerre à Tours où s'était organisé le Gouvernement de la Défense Nationale."

"La commission qui m'avait entendu le 20 octobre, remit au ministre le 22 suivant un rapport favorable dans lequel on approuvait non seulement mes projets mais on demandait la fabrication immédiate d'engins de cette espèce. Le même jour et sur ce premier rapport, la commission d'armement votait les fonds nécessaires à ces travaux pendant que, par ailleurs, le ministre de la guerre me conférait le grade du commandant de chef de bataillon du génie au titre d'auxiliaire avec autorisation de lever certain nombre des compagnies volontaires du génie. Je courus à St Étienne apportant des commissions d'officier en blanc. J'en investis quelques hommes dévoués et capables qui se mirent à l'œuvre de recrutement dans ce pays d'ouvriers robustes et habitués aux fatigues et aux dangers de la vie de mineurs. Je fis aussitôt commencer la fabrication de mes torpilles".

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