La suite du texte va au récit très pittoresque sur 8 pages d'un bain turc subi le lendemain puis de la visite du Caire et celle, modérément enthousiaste, des Pyramides. La description des premiers jours de traversée et celle de ses compagnons de voyage mérite qu'on s'y arrête et là, je sollicite encore le texte d'origine : "… du Caire où nous passâmes cinq jours à voir tout ce que la ville présente de plus intéressant aux étrangers, nous prîmes la route de Suez où nous attendait le steamer ; Là, nous eûmes à peine le temps de jeter en regard sur cette bourgade arabe appelée cependant à un certain avenir ; notre vapeur allumait déjà ses feux et, à peine l'avions nous accosté sur une barque arabe, qu'il prenait le large pendant que chacun de nous se mettait tout aussitôt à la recherche de sa nouvelle cabine.
Un assez grand nombre de voyageurs supplémentaires nous avaient rejoint à Suez ; n'étant pas régulièrement inscrits et les cabines étant toutes occupées, quelques uns d'entre eux bivouaquaient sur le pont ( ce qui n'était pas une très grande souffrance sous ces latitudes) Cependant notre steamer la Nubia était l'un des plus vastes de la Compagnie qui à cette époque avait encore seule le monopole de ces voyages vers l' Extrême Orient. Je remarquais alors un fait qui n'aurait probablement pas eu lieu avec un service français : c'est que plusieurs des officiers du bord cédèrent leurs cabines à des voyageurs moyennant 1 livre sterling par jour mais je pensais qu'ils estimaient plus leur home si on peut accorder ce nom à la demeure momentanée que l'officier occupe dans ces maisons flottantes là.
Un français, d'autre part abandonnerait facilement sa cabine (et j'ai été témoin du fait) à quelque famille dont le doux visage d'un de ses membres féminins aurait un instant captivé son imagination mais il aurait considéré comme indigne d'avoir à agir ainsi pour de l'argent. Ces bateaux à vapeur sont de véritables hôtels d'un confort qui surprend. La table était surtout appréciée par plusieurs de ces braves officiers anglais qui retournaient mourir dans l'Inde après être venus pendant un congé respirer encore une fois l'air natal ; ils s'y mettaient dès l'aube et n'en sortaient que pour regagner leur couche réalisant ainsi le rêve des épicuriens. Je dois reconnaître pourtant que plus d'une fois je surpris des regards méprisants que leur envoyaient quelques jeunes gentlemen du meilleur ton qui se sentaient froissés dans leur dignité nationale."
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